Ethique et Neurochirurgie

, par  Manuel LOPES , popularité : 3%

**NEUROCHIRURGIE, DON D’ORGANES ET ARRET DES SOINS.

Le don d’organes est directement lié à la définition de la mort encéphalique, dont l’un des plus grands pourvoyeurs est (indirectement) la neuroréanimation : cette mort encéphalique permet le maintien des fonctions vitales artificiellement jusqu’au prélèvement d’organes.
Cette activité crée une tension chez le médecin qui se trouve confronté à gérer la douleur de la famille du défunt et la demande de prélèvement. C’est également la mise en balance de l’individu et des besoins de la société. En effet, les dons étant rares par rapport aux besoins, il fallait trouver un moyen pour « augmenter » les dons. De fait, la loi Caillavet de 1976 va privilégier la société à l’individu en mettant en avant que toute personne est un donneur d’organe potentiel dès lors qu’elle n’aura pas stipulé du contraire de son vivant (par oral ou par écrit) : c’est le consentement présumé.
Ceci sera repris par la suite dans la loi de bioéthiquede 1994 (revue en 2004 et 2011) en insistant sur la gratuité du don notamment, mais aussi sur l’anonymat du don, et la protection des mineurs ainsi que des incapables majeurs.
On notera que seul le refus est pris en compte légalement, et que de posséder une carte de donneur n’a aucun poids officiel. Il existe pour cela un registre national des refus, tenu par l’Agence de Biomédecine, que chaque centre autorisé à l’activité de prélèvement doit interroger avant de le proposer.
Nombre de campagnes sont engagées afin de sensibiliser non seulement les médecins mais surtout la population car chacun est un donneur potentiel. De plus sur le plan économique un rein greffé coûte moins cher à la société qu’un patient dialysé. A tel point qu’il existe un Conseil sur le don et la transplantation d’organes au sein du Conseil de l’Union Européenne qui réfléchi sur les moyens d’amélioration de cette activité. Il y a donc une prise de conscience évidente des organes décisionnels sur cette activité.

Un autre aspect intimement lié, est l’arrêt des soins en (neuro)réanimation. Dans certaines situations difficiles, il peut exister une tension éthique mettant en balance les extrêmes que sont l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie (officiellement interdite en France). Depuis la loi Léonetti de 2005, la fin de vie est assez bien cadrée sur le plan législatif, mais il en ressort une méconnaissance de cette loi. Pourtant elle est d’une aide précieuse aux médecins confrontés à des situations de fin de vie, en prônant une prise de décision collégiale et encadrée par la loi. De plus, elle met en avant la notion de directives anticipées, c’est à dire les désirs du patient confrontés à l’éventualité de la fin de vie. Elles ne sont valables que trois ans, mais si elles existent, le médecin doit en tenir compte ; le cas échéant, la personne de confiance a, là encore, toute sa place dans la prise de décision.