Cartographie cérébrale fonctionnelle par stimulation électrique directe cortico-sous-corticale per-opératoire

, par  Hugues DUFFAU, Illyess ZEMMOURA , popularité : 3%

Faux positifs :
On définit comme faux positif une région pour laquelle la stimulation électrique a provoqué un déficit neurologique alors que l’exérèse de cette région n’aurait pas provoqué de déficit permanent pour le malade.
• La cause la plus fréquente de faux positif est la fatigue du malade, raison pour laquelle il est important d’aller "rapidement" en zone éloquente tant en région corticale que sous corticale pour définir rapidement les limites de l’exérèse chirurgicale. Cette fatigue est accrue par l’occurrence itérative de crises convulsives per-opératoires, conduisant à un état post-critique prolongé. Il est donc important, outre le contrôle de l’intensité électrique de stimulation que le patient arrive en salle d’opération avec le minimum de stress et de fatigue, et en ayant pris son traitement anti-épileptique habituel le matin de la chirurgie.
• Une autre cause de faux positif est le déclenchement d’une post-décharge électrique à distance de la région stimulée. Il a été montré qu’une stimulation corticale pouvait induire une réponse corticale distante (ou potentiel évoqué cortico-cortical) (17). Si le cortex distant désorganisé par la post-décharge, connecté anatomiquement à la région stimulée par un faisceau de fibres blanches permettant la propagation directe de l’influx électrique, sous-tend la fonction, alors on peut décider de préserver la zone stimulée alors que son exérèse n’aurait pas provoqué de déficit. L’enregistrement permanent de l’électrocorticographie lors de la cartographie corticale pourrait être une solution mais demande à être perfectionnée (34).
• De plus, le déclenchement d’une crise partielle simple peut être à l’origine d’un faux positif mais l’application des règles énoncées ci-dessus permet de réduire considérablement ce risque.
• Enfin, la plasticité cérébrale peut permettre une récupération plusieurs semaines après l’exérèse chirurgicale. C’est le cas notamment dans les suites de l’exérèse de l’aire motrice supplémentaire. La plasticité cérébrale permet dans ce cas, par réoganisation du réseau prémoteur, une récupération fonctionnelle en recrutant le cortex homologue controlatéral. Bien que ce type de réorganisation corticale a été démontré après l’exérèse de différentes régions cérébrales (5, 28), il est encore aujourd’hui impossible de prédire avec fiabilité ce type de plasticité à l’échelon individuel.