Gliomes diffus de bas grade

, par  Hugues DUFFAU , popularité : 20%
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** Imagerie fonctionnelle

Sur le plan de l’exploration des fonctions cérébrales, le développement des techniques d’imagerie neurofonctionnelle, à savoir IRM fonctionnelle (IRMf), magnétoencéphalographie, tractographie des fibres blanches par imagerie par tenseur de diffusion, et stimulation magnétique transcrânienne, a permis la réalisation de cartographies non-invasives de l’ensemble du cerveau. Ces méthodes donnent une estimation de la localisation des aires éloquentes (i.e. impliquées dans les fonctions sensorimotrices, visuelle, langagière et cognitives) par rapport à la tumeur gliale, tout en renseignant sur la latéralisation hémisphérique du langage. Il est cependant crucial de souligner que l’imagerie fonctionnelle n’est actuellement pas suffisamment fiable à l’échelon individuel pour pouvoir être utilisée en pratique clinique routinière. Ceci est essentiellement du au fait que cette imagerie n’est pas un reflet direct de la réalité fonctionnelle cérébrale, mais une approximation très indirecte, basée sur des reconstructions biomathématiques - expliquant pourquoi les résultats peuvent être variables selon le modèle utilisé (22)
En effet, en ce qui concerne l’IRMf, les études de corrélation avec l’électrophysiologie per-opératoire ont montré que la sensibilité de l’IRMf variait de 59% à 100% pour le langage (spécificité de 0% à 97%) (34). Qui plus est, l’IRMf n’est pas capable de différencier les régions essentielles pour la fonction (donc qui doivent être chirurgicalement préservées) des régions cérébrales impliquées mais non cruciales pour une fonction donnée (donc qui peuvent être chirurgicalement enlevées puisqu’une compensation fonctionnelle est possible).
Quant à l’imagerie par tenseur de diffusion, qui permet la tractographie des principaux faisceaux de substance blanche, cette nouvelle technique nécessite d’être validée. En effet, l’utilisation de différents modèles et logiciels à partir des mêmes données débouche sur différentes reconstructions, montrant que la tractographie n’est pas fiable ni reproductible. Les corrélations entre cette méthode et l’électrophysiologie per-opératoire (électro-stimulations directes sous-corticales) ont retrouvé une concordance dans seulement 82% des cas. En d’autres termes, une tractographie négative ne veut pas formellement dire qu’il n’y a pas de fibres cruciales au sein du gliome. Qui plus est, cette technique n’est capable de fournir qu’une information anatomique (indirecte) mais en aucun cas une information sur la fonction des faisceaux sous-corticaux. Par conséquent, si la tractographie représente un excellent outil à la fois didactique et de recherche, il n’est pas raisonnable à l’heure actuelle de se baser sur cette méthode pour les indications opératoires ni pour la planification de l’acte chirurgical (43).