Cartographie cérébrale fonctionnelle par stimulation électrique directe cortico-sous-corticale per-opératoire

, par  Hugues DUFFAU, Illyess ZEMMOURA , popularité : 4%

V.4.2. Cartographie corticale (Vidéo)

Une fois le malade parfaitement éveillé et confortable, la cartographie cérébrale peut commencer.
Le premier objectif est de définir l’intensité minimale qui permettra d’obtenir une réponse "négative", c’est-à-dire une suspension temporaire de la fonction du cortex situé entre les deux extrémités de l’électrode bipolaire. Il faut alors préférentiellement stimuler le cortex prémoteur ou sensorimoteur primaire dont la somatotopie est connue et constante d’un individu à l’autre. L’opérateur applique alors pendant 2 à 3 secondes l’électrode de stimulation bipolaire, réglée à 1 ou 1,5 mA, sur le cortex cible. En cas de cartographie "négative", c’est-à-dire en l’absence de réponse à la stimulation, il faut alors progressivement augmenter l’intensité de stimulation, par pas de 0,5 mA, jusqu’à obtenir une réponse. Classiquement, le seuil d’intensité de stimulation se situe entre 1,5 et 2,5 mA. Ce seuil dépendant de plusieurs paramètres très variables d’un patient à l’autre (infiltration tumorale, effet de masse, type d’anesthésie…). Il devra être défini précisément à chaque procédure. Une fois le seuil d’intensité déterminé, il pourra être conservé jusqu’à la fin de l’intervention.
La cartographie corticale fonctionnelle peut alors être réalisée. Le malade effectue les tests déterminés au préalable selon la fonction à explorer (dénomination, compréhension, lecture, écriture, calcul, reconnaissance visuelle, discours spontané, motricité…). L’orthophoniste doit alors observer attentivement le malade pour déceler toute erreur lors de la tâche cognitive ou toute anomalie de la motricité que le chirurgien ne peut déceler au travers des champs. Les stimulations lors de la cartographie doivent respecter certaines règles pour limiter le risque de faux négatifs, faux positifs et le risque de crise convulsive (cf. infra) (4) :
- stimuler l’ensemble de la surface corticale exposée tous les 5 mm2 (sonde de 5 mm d’espacement),
- stimuler chaque site au moins 3 fois,
- ne jamais stimuler le même site cortical deux fois successivement,
- toujours réaliser un test de vérification sans stimulation entre deux stimulations,
- si tâche cognitive, toujours commencer la stimulation avant la présentation de l’item,
- en sous-cortical, il est possible de majorer l’intensité de 2 mA,
- toujours garder les surfaces à stimuler à peine humides,
- en cas de crise, irriguer avec du sérum froid et ne pas restimuler immédiatement après.

Des indices papier numérotés sont progressivement disposés sur les sites ayant provoqué un déficit reproductible (Figure 2), puis, une fois la cartographie corticale complète et bien comprise, l’exérèse peut débuter.